Lors de son intervention à l’émission Ranmase sur Radio Télévision Caraïbes ce samedi 30 août 2025, le défenseur des droits humains Frédo Jean Charles a livré une analyse critique de la feuille de route proposée en 2025 par l’Organisation des États Américains (OEA), avec l’appui de l’ONU et de la CARICOM. Ce plan, axé sur la sécurité, la transition politique et l’autosuffisance, se veut une réponse à la crise haïtienne. Mais pour l’avocat, l’histoire des relations entre Haïti et la communauté internationale impose une vigilance accrue afin d’éviter de nouveaux schémas de dépendance.
La mémoire nationale reste en effet marquée par les interventions étrangères. De l’occupation américaine de 1915–1934, qui a affaibli les institutions locales, aux missions successives de l’OEA et de l’ONU entre 1994 et 2004, dont la MINUSTAH et ses scandales, en passant par l’influence controversée de l’OEA sur les élections de 2010, chaque épisode a laissé une trace de méfiance. Ces expériences nourrissent aujourd’hui le scepticisme d’une population qui voit dans les initiatives internationales davantage une ingérence qu’un soutien véritable.
L’analyse du plan actuel révèle plusieurs limites. La priorité donnée à la lutte contre les gangs et au déploiement d’une force multinationale, si elle répond à l’urgence sécuritaire, ne saurait suffire sans réformes institutionnelles et sans relance économique. De plus, la transition politique évoquée repose sur des instances fragiles, au déficit de légitimité populaire, tandis que l’autosuffisance promise ne s’accompagne d’aucune stratégie concrète sur la souveraineté alimentaire ou la justice sociale. Autant de points qui rappellent les erreurs passées et la tentation du court-termisme.
Pour le président de l’Institut National pour la Défense des droits Économiques, Sociaux et Cultutels (INDDESC) M. Frédo Jean Charles, la voie de sortie ne réside pas dans une tutelle internationale, mais dans une appropriation nationale. Il plaide pour une conférence inclusive où Haïtiens de tous horizons définiraient ensemble les priorités du pays. Dans ce cadre, la communauté internationale devrait jouer un rôle d’appui technique et financier, non de pilotage politique. « La vraie reconstruction d’Haïti viendra d’un sursaut patriotique, alliant mémoire, souveraineté et justice sociale », a-t-il conclu, rappelant que l’histoire démontre qu’aucune nation ne se relève durablement sous dépendance.
Haïti face au plan de l’OEA : Le militant des droits humains Frédo Jean Charles fait une analyse critique à l’émission Ranmase sur la feuille de route proposée en 2025
