À l’extrême sud-ouest du pays, le Fort Lilèt domine encore la mer des Caraïbes, vestige d’un passé glorieux. Construit au début du XIXᵉ siècle sous Jean-Jacques Dessalines pour défendre l’île contre d’éventuelles offensives étrangères, ce bastion de pierre n’attire aujourd’hui aucun flux touristique régulier. Les murs érodés, les canons rouillés et les sentiers envahis de végétation témoignent de l’absence d’entretien. Ni l’État ni la mairie ne disposent de programme de sauvegarde ou de mise en valeur, laissant le fort pratiquement livré à lui-même.

Pourtant, des estimations récentes montrent qu’une valorisation du site pourrait en faire une véritable source de revenus pour la commune. Avec 50 visiteurs par jour à 250 gourdes l’entrée, le fort générerait environ 4,5 millions de gourdes par an, soit près de 29 000 USD. Dans un scénario plus ambitieux de 80 visiteurs quotidiens, les recettes dépasseraient 7 millions de gourdes. En tenant compte des dépenses moyennes d’un visiteur pour la restauration, le transport et l’artisanat, l’impact économique total pourrait franchir la barre des 10 millions de gourdes chaque année.
La commune d’Anse-d’Hainault, encore en marge des circuits touristiques nationaux, trouverait ainsi une nouvelle orientation économique. La mise en valeur du fort créerait des emplois directs : guides, personnel d’entretien, billetterie et relancerait les activités locales telles que les petits restaurants, l’hébergement et l’artisanat. Les spécialistes estiment à 40 millions de gourdes le coût minimal pour stabiliser et restaurer la structure, un investissement conséquent mais indispensable pour préserver un pan essentiel de l’histoire haïtienne.
Aujourd’hui oublié, le Fort Lilèt pourrait demain devenir le moteur d’un tourisme historique dans la Grand’Anse, à condition qu’une volonté concertée de l’État, de la mairie et des acteurs privés permette de transformer ce bastion abandonné en véritable symbole de renaissance économique et culturelle.
Crédit photo : Nathan Showlive