En Haïti, le phénomène des abus sexuels sur mineurs prend une ampleur inquiétante. Derrière le slogan devenu tristement courant « *_timoun 2000_* », se cache une réalité bouleversante : des enfants, souvent âgés de 14 à 16 ans, exploités par des hommes mûrs qui profitent de leur vulnérabilité et de leur silence forcé.
Le cas récent d’une adolescente de 15 ans illustre ce drame. Hébergée par une famille d’accueil, elle aurait été abusée par le mari de la maison. Malgré ses efforts pour se protéger et dénoncer la situation, la jeune fille s’est retrouvée accusée à tort. Aujourd’hui, elle vit dans un état psychologique grave, marquée par des cicatrices invisibles que ni sa famille, ni la société ne semblent vouloir reconnaître. Ses parents, par peur du scandale et des représailles, hésitent à porter plainte, laissant leur enfant seule face à un traumatisme qui dépasse son âge.
Cette adolescente n’est pas un cas isolé. Chaque jour, des enfants subissent le même sort : agressés, réduits au silence et parfois accusés à la place de leurs agresseurs. Leur souffrance se transforme en double peine d’abord l’abus, ensuite l’injustice et la stigmatisation.
Cette situation soulève des questions pressantes : où sont les organisations de défense des droits humains ? Quel rôle joue le Ministère à la Condition féminine et aux Droits des femmes ? Quelles mesures concrètes sont prises pour protéger les victimes et accompagner les familles ? Car tant que ces institutions resteront silencieuses, l’impunité continuera de nourrir le cycle des abus.
À travers le pays, de nombreux adolescents crient en silence, attendant une société qui les écoute et une justice qui les protège. Faute de réponse, c’est l’avenir d’une génération entière qui risque de s’effondrer dans l’indifférence.
Magduel BEAUBRUN
Quand les adolescents crient en silence face aux abus
