L’Éthiopie a inauguré mardi 9 septembre 2025 le Grand Barrage de la Renaissance (GERD), présenté comme le plus vaste projet hydroélectrique d’Afrique. Édifié sur le Nil Bleu pour un coût de plus de 4 milliards de dollars, l’ouvrage affiche une capacité de 74 milliards de m³ et peut produire jusqu’à 5 150 mégawatts. Pour Addis-Abeba, ce chantier colossal marque une étape stratégique : transformer la Corne de l’Afrique en un pôle énergétique régional.
La cérémonie s’est tenue à proximité de la frontière soudanaise, en présence du Premier ministre Abiy Ahmed et de plusieurs dirigeants africains, dont Ismaïl Omar Guelleh (Djibouti), Salva Kiir (Soudan du Sud), Hassan Sheikh Mohamud (Somalie) et William Ruto (Kenya). La Première ministre de la Barbade, Mia Amor Mottley, ainsi que le chef du gouvernement d’Eswatini, Russell Mmiso Dlamini, comptaient également parmi les invités. Notables absents : les présidents égyptien et soudanais, opposés depuis l’origine au projet, redoutant ses effets sur leurs ressources en eau.
Dans son discours, Abiy Ahmed a rappelé que le GERD a été financé en grande partie par la population éthiopienne, à travers collectes publiques, obligations et contributions salariales. Rendant hommage à ses prédécesseurs, de Haïlé Sélassié à Meles Zenawi, il a salué l’aboutissement d’un « rêve collectif ». Le chef du gouvernement a assuré que le barrage n’avait pas vocation à priver ses voisins, mais à stimuler le développement économique et social de toute la région.
L’inauguration intervient dans un contexte de tensions persistantes autour du Nil. Héritiers d’accords de 1929 et 1959 qui excluaient l’Éthiopie, l’Égypte et le Soudan considèrent le GERD comme une menace directe et dénoncent l’absence d’accord contraignant après 14 années de négociations. Pour Addis-Abeba, le barrage est au contraire le symbole d’une Afrique qui assume ses ambitions. Au-delà de l’électricité promise à près de 60 millions d’Éthiopiens, l’enjeu est aussi géopolitique : redéfinir les équilibres régionaux autour du fleuve.
Afrique: L’Ethiopie a inauguré le grand barrage de la Renaissance
