Ce jeudi matin, l’aéroport international Antoine-Simon des Cayes a marqué un tournant historique pour la région sud d’Haïti en accueillant avec succès son premier vol d’essai international. L’appareil, un Embraer ERJ-145 de la compagnie IBC Airways, en provenance de Miami, a atterri sans encombre vers 10h30 après un vol de 1h32. Cette opération, saluée par les autorités locales et les habitants, ouvre la voie à l’établissement de liaisons aériennes régulières, un développement crucial pour l’économie et la connectivité de la région.
Un jalon pour la décentralisation économique
L’inauguration de l’aéroport Antoine-Simon comme hub international, le 5 mars 2025, avait déjà suscité un vif enthousiasme. Cette nouvelle étape, avec la réussite du vol d’essai, confirme le potentiel de l’aéroport à devenir une alternative viable à l’aéroport Toussaint-Louverture de Port-au-Prince, paralysé par l’insécurité persistante due à la violence des gangs.
Le président du Conseil présidentiel de transition, Leslie Voltaire, présent lors de l’inauguration en mars, avait alors souligné l’importance de cette infrastructure pour le développement économique, notamment dans les secteurs du tourisme et du commerce. Aujourd’hui, les espoirs se concrétisent. « Ce vol d’essai est une victoire pour le Sud et pour tout Haïti. Il symbolise notre volonté de décentraliser l’économie et de renforcer la résilience du pays », a déclaré un représentant de l’Autorité aéroportuaire nationale (AAN).
Détails du vol d’essai
Le vol, opéré par IBC Airways, a transporté une équipe de techniciens spécialisés chargés d’évaluer les infrastructures aéroportuaires. La piste, récemment allongée de 1 350 à 1 850 mètres, peut désormais accueillir des avions de 50 à 80 passagers, passant de la catégorie 2B à 3B. Selon les responsables, des discussions sont en cours pour atteindre le niveau 4E, ce qui permettrait l’atterrissage d’avions charter plus imposants.
Des habitants des Cayes, massés près de l’aéroport, ont assisté à l’atterrissage avec fierté. « C’est un moment historique pour nous. Avoir des vols internationaux ici, c’est une chance pour le commerce, pour le tourisme, pour nos jeunes », a témoigné Marie-Claire Joseph, une commerçante locale.
Perspectives et défis
Si ce vol d’essai marque une avancée significative, des défis subsistent. Il n’est pas encore clair si des compagnies aériennes américaines, comme JetBlue, dont des techniciens ont inspecté la piste en mars, programmeront des vols réguliers. La Federal Aviation Administration (FAA) des États-Unis maintient une interdiction des vols vers Port-au-Prince jusqu’en septembre 2025, ce qui pourrait inciter les compagnies à privilégier Les Cayes.
Par ailleurs, des organisations humanitaires, comme Mercy Corps, envisagent de baser leurs équipes dans le Sud, où les besoins sont croissants, notamment dans la péninsule sud. « Cette nouvelle piste est une aubaine pour nous », a indiqué Hugh Aprile, directeur régional de Mercy Corps.
Un avenir prometteur pour le « Grand Sud »
L’ouverture de l’aéroport Antoine-Simon s’inscrit dans une vision plus large de modernisation et de développement du « Grand Sud ». Berlus Pierre Samson, juriste et directeur d’école aux Cayes, a résumé l’optimisme ambiant : « Port-au-Prince a longtemps été le centre, mais le Sud peut désormais jouer un rôle majeur dans le commerce national et international. »
Alors que l’aéroport se prépare à accueillir des vols réguliers, les regards sont tournés vers les prochaines étapes : certifications internationales, partenariats avec des compagnies aériennes et investissements dans les infrastructures connexes. Pour les habitants des Cayes et du Sud, ce vol d’essai n’est pas seulement un atterrissage réussi, mais le décollage d’un avenir prometteur.
