Le mercredi 28 mai 2025, le militant franco-béninois Kémi Séba, figure emblématique du panafricanisme et leader de l’ONG Urgences Panafricanistes, a foulé le sol haïtien, atterrissant à l’aéroport international Hugo Chávez de Cap-Haïtien. Cette arrivée, très attendue par ses sympathisants, marque la première visite de l’activiste dans cette ville historique du nord du pays, dans le cadre de sa tournée internationale visant à promouvoir l’unité africaine et la souveraineté des peuples noirs.
Un accueil chaleureux et symbolique
Dès son arrivée, Kémi Séba a été accueilli par une foule de sympathisants, des représentants locaux et des jeunes militants haïtiens, galvanisés par son discours anti-impérialiste et son engagement pour la cause panafricaine. Dans une brève allocution à l’aéroport, il a salué le courage du peuple haïtien, louant sa résilience face aux défis historiques et contemporains. « Haïti est un symbole de résistance, le premier pays noir à conquérir son indépendance. Votre combat inspire l’Afrique et sa diaspora », a-t-il déclaré, selon des propos relayés par des médias locaux.
Il a également dénoncé ce qu’il qualifie d’« impérialisme occidental », accusant certaines puissances étrangères de maintenir Haïti dans une situation de dépendance économique et politique. Ces déclarations font écho à son discours habituel, qui critique les systèmes néocoloniaux, notamment le franc CFA en Afrique francophone, comme il l’avait fait récemment lors de son séjour controversé au Tchad.
Une visite sous le signe de la mobilisation
Kémi Séba est attendu pour participer à une série de conférences dans le département du Nord, dès la première semaine de juin 2025. Ces événements, organisés par des associations locales et des groupes de jeunes, visent à mobiliser la jeunesse haïtienne autour des idéaux panafricanistes, dans un contexte où le pays fait face à une crise sécuritaire et humanitaire sans précédent. La violence des gangs, qui contrôlent environ 85 % de la capitale Port-au-Prince, et les restrictions sur les vols internationaux vers cette ville ont poussé Séba à choisir Cap-Haïtien comme point d’entrée.
Son arrivée intervient dans un climat tendu, marqué par une instabilité politique et une insécurité alimentaire touchant près de la moitié de la population haïtienne, selon un récent rapport des Nations unies. La présence de Séba, connu pour son franc-parler et son discours radical, pourrait galvaniser une partie de la population, en particulier les jeunes, qui se sentent marginalisés par les crises à répétition.
Une figure controversée
Kémi Séba, de son vrai nom Stellio Capo Chichi, est une figure polarisante. Ses prises de position anti-occidentales et son militantisme pour une souveraineté africaine sans compromis lui ont valu un large soutien parmi les mouvements panafricanistes, mais aussi de vives critiques. Au Tchad, où il s’est rendu début mai 2025, son séjour a suscité une polémique, certains accusant le gouvernement de l’avoir invité pour des raisons politiques sans assumer publiquement cette démarche.
En Haïti, son discours risque de trouver un écho particulier auprès de ceux qui dénoncent l’ingérence étrangère, notamment dans le cadre de la mission multinationale de l’ONU dirigée par le Kenya, qui peine à endiguer la violence des gangs. Cependant, sa visite pourrait également diviser, certains craignant que ses propos ne viennent attiser les tensions dans un pays déjà fragilisé.
Une tournée à suivre de près
La visite de Kémi Séba à Cap-Haïtien s’inscrit dans une tournée panafricaniste internationale qui l’a déjà conduit dans plusieurs pays africains. En Haïti, il devrait s’adresser à la jeunesse et rencontrer des leaders communautaires pour discuter des enjeux de souveraineté, de justice sociale et de coopération entre Haïti et le continent africain. Les détails de son programme restent à préciser, mais les attentes sont élevées parmi ses partisans, qui voient en lui un porte-voix des luttes des peuples opprimés.
Alors que Haïti traverse une période de turbulences, l’arrivée de Kémi Séba pourrait marquer un tournant dans le débat public, en plaçant les idéaux panafricanistes au cœur des discussions sur l’avenir du pays. Reste à voir comment ses messages seront reçus dans un contexte où la quête de stabilité et de justice sociale demeure une priorité absolue.
