Rara est une fête traditionnelle haïtienne profondément enracinée dans l’histoire, la culture et la spiritualité du pays, particulièrement liée au vodou et aux traditions africaines. Cette note explore son origine, ses caractéristiques, son rôle social et culturel, ainsi que les défis et perspectives actuelles, en s’appuyant sur des sources fiables pour offrir une vue d’ensemble complète.
Contexte Historique et Origines
Rara semble avoir émergé pendant la période de l’esclavage en Haïti, avec des racines en Afrique de l’Ouest et centrale, portées par les esclaves amenés sur l’île au 17e et 18e siècles. Selon https://familyhealthministries.org/rara-a-unique-haitian-tradition/« >Family Health Ministries, ses origines remontent à des centaines d’années, avec des liens à des pratiques agricoles et spirituelles africaines. Pendant la période coloniale française, le Code Noir de 1685, promulgué par le roi Louis XIV, accordait une pause aux esclaves pendant la Semaine Sainte, offrant un espace pour des célébrations culturelles. Cela a permis à rara de se développer comme une forme de résistance et de préservation de l’identité culturelle face à l’oppression.
Au 19e siècle, rara s’est structurée avec des bandes organisées, particulièrement dans les zones rurales, jouant de la musique avec des instruments locaux comme les tibas (bambous sonores), les cornets (cornets en métal) et les tambours faits de peau de chèvre. Ces processions, souvent mobiles, traversaient les routes et les campagnes, marquant une expression publique de la culture haïtienne. https://haitiantimes.com/2021/03/28/why-rara-belongs-on-unescos-world-cultural-heritage-list/« >The Haitian Times note que rara a intégré des influences de diverses cultures, y compris les indigènes Taïnos et les Européens, mais reste fondamentalement ancrée dans les traditions africaines et le vodou.
Caractéristiques et Pratiques
Rara est célébrée pendant la saison du Carême, généralement du jeudi suivant le Mercredi des Cendres jusqu’à Pâques, coïncidant avec la période de Carnaval. Les processions sont caractérisées par des bandes musicales jouant des instruments portables, tels que le tambour manman, le bas et le kata, comme décrit dans https://music.si.edu/story/rara-vodou-power-and-performance« >Smithsonian Music. Ces instruments, souvent associés à la famille Petwo du vodou haïtien, sont légers pour permettre des marches longues, parfois sur des kilomètres.
Les participants dansent tout en marchant, créant une atmosphère festive et communautaire. Les chansons, souvent improvisées, abordent des thèmes variés, allant de la rumeur locale à la critique sociale ou politique, rendant rara une forme d’expression populaire et parfois de protestation. Bien que liée au vodou, avec des bandes souvent dirigées par des ougans (prêtres vodou) ou des manbos (prêtresses), les possessions spirituelles sont généralement découragées pendant les processions pour maintenir l’accent sur la célébration publique, selon https://rara.research.wesleyan.edu/« >Elizabeth McAlister’s Rara! Website.
Rôle Social et Culturel
Rara joue un rôle crucial dans la société haïtienne, particulièrement dans les zones rurales. Elle renforce l’unité communautaire, offrant un espace pour le divertissement, l’animation et la solidarité, comme le souligne https://www.alterpresse.org/spip.php?article31047« >AlterPresse. Historiquement, elle a servi de moyen pour les esclaves de maintenir leur identité culturelle face à l’oppression, et plus récemment, elle a été utilisée comme outil de résistance politique. Par exemple, pendant les régimes militaires des années 1990, les bandes rara chantaient pour défendre les droits humains et exprimer des revendications politiques, selon des sources historiques sur les mouvements sociaux en Haïti.
Les participants de rara sont souvent impliqués dans des groupes de konbit, des associations de travail communautaire, aidant à chanter, danser, planter et récolter. Ils contribuent également à protéger les arbres restants en Haïti et à soutenir leurs familles, renforçant leur rôle dans la vie quotidienne. Cependant, rara fait face à des préjugés, certains la voyant comme liée à des pratiques « maléfiques » ou diaboliques, un écho des vues coloniales sur les Noirs, comme mentionné dans https://www.alterpresse.org/spip.php?article31047« >AlterPresse.
Défis et Incidents Notables
Malgré son importance, rara est souvent négligée par les autorités culturelles et le ministère de la Culture, qui ne lui offrent pas le soutien ou la protection nécessaires. Cela est particulièrement évident face à des incidents tragiques, comme l’accident de Latibonit le 12 mars 2017, où 38 participants de rara sont décédés dans un accident de la route, selon https://www.alterpresse.org/spip.php?article31047« >AlterPresse. Cet événement a mis en lumière le besoin urgent de mesures de sécurité pour protéger les participants, avec des demandes de justice, de réparations et de soutien pour les familles des victimes par la Coordination Rara du Sud (KORASID).
Perspectives Actuelles et Reconnaissance
Aujourd’hui, des initiatives visent à préserver et promouvoir rara, notamment en le faisant reconnaître comme patrimoine culturel mondial par l’UNESCO. https://haitiantimes.com/2021/03/28/why-rara-belongs-on-unescos-world-cultural-heritage-list/« >The Haitian Times argue que rara est un phénomène culturel vivant qui conserve des traditions orales, des arts performants, des pratiques sociales et des rituels, méritant une protection internationale. Cette reconnaissance pourrait aider à surmonter les défis de négligence et de préjugés, renforçant son rôle comme symbole de la richesse culturelle haïtienne.
Conclusion
Rara est une manifestation culturelle vivante qui reflète l’histoire, la résilience et la créativité du peuple haïtien. Malgré les défis, elle reste un symbole d’identité et de solidarité, avec des perspectives prometteuses pour sa préservation et sa reconnaissance internationale.